Nous devons réveiller notre démocratie dès maintenant
A l’approche des élections européennes et nationales de juin 2024, il y a eu beaucoup de débats sur la “particratie” et la nécessité d’un renouveau démocratique. Il y a eu des initiatives citoyennes telles que We Need To Talk, une lettre ouverte signée de nombreux Belges éminents, et un débat au sein de la Chambre des Représentants sur l’approche à adopter concernant le financement des partis. Mais le jour d’après les élections, tout cela était déjà oublié.
Le renouveau démocratique semble n’avoir été qu’un slogan de campagne et non pas une intention sérieuse des partis politiques. L’Arizona aime se présenter comme un “gouvernement de réformes”, mais le renouveau démocratique n’est pas à l’ordre du jour. Alors que le gouvernement Vivaldi avait encore un ministère du Renouveau démocratique — au moins en théorie — ce portefeuille a discrètement été supprimé par l’Arizona. Maintenant que les partis sont de retour au pouvoir, le renouveau démocratique ne semble plus être une priorité.
Les élections sont perçues comme une légitimation du statu quo, et non comme un moyen pour les citoyens de choisir leur propre gouvernement et d'apporter des changements. Malgré le vote obligatoire, le 9 juin, un électeur sur huit — soit 12,58 % - est resté chez lui. 5,69 % ont voté blanc ou nul, et 4,28 % des voix sont allées à des partis qui n'ont pas atteint le seuil électoral requis. Cela signifie que 22,55 % des électeurs ne sont pas représentés en politique belge. Une part encore plus importante des voix est allée à des partis extrémistes, en grande partie à titre de protestation. Cela devrait être une raison plus que suffisante pour que tous les partis fassent du renouveau démocratique un thème central.
Pourtant, peu de choses ont changé depuis les élections. À part quelques ajustements marginaux concernant le financement des partis, la suppression prévue du Sénat et un projet de loi visant à supprimer le vote par liste au profit du vote préférentiel, tout est resté identique. Le vrai pouvoir reste entre les mains des sièges des partis, et non de la Chambre des représentants. Les partis continuent de se livrer à des nominations politiques arbitraires, plutôt que de nommer des personnes en fonction de leurs connaissances et de leurs compétences. L'argent continue de couler à flots dans les bureaux des partis, et les cabinets restent démesurés. La publicité politique en ligne est soumise à certaines restrictions, mais celles-ci sont imposées par la législation européenne et non par des réformes initiées par les partis eux-mêmes. Quelques partis flirtant avec le seuil électoral cherchent sans conviction leur raison d'être, dirigés par les poids lourds des partis et des nepo babies, tandis que la porte reste fermée aux jeunes partis enthousiastes, empêchant toute concurrence saine et toute innovation. Le paysage politique est rigide et fragmenté, le dernier parti politique véritablement nouveau étant apparu il y a plusieurs décennies. Pendant ce temps, Bruxelles est retenue en otage depuis seize mois par des partis politiques qui se disputent dans un théâtre surréaliste et grotesque.
Sans surprise, la confiance de la population envers les institutions et les partis politiques est extrêmement faible. Les discussions à propos d’un renouveau démocratique referont sans aucun doute surface dans les mois précédant les prochaines élections. Et de manière tout à fait prévisible, elles s’éteindront de nouveau le jour d’après les élections. La proportion d’électeurs non-représentés et de votes protestataires en colère grandira à nouveau, et les partis traditionnels sembleront s’en inquiéter une fois de plus.
Quiconque prenant la démocratie au sérieux ne peut se satisfaire de cette situation. C'est pourquoi Volt appelle à une large campagne publique en faveur du renouveau démocratique. En décembre 2023, en collaboration avec plusieurs autres nouveaux partis, nous avons déjà formulé un certain nombre de propositions visant à renforcer la démocratie et à élargir le choix des électeurs. Le financement public doit à nouveau profiter à la démocratie, et non pas remplir les poches des partis. La voix des citoyens doit à nouveau être entendue haut et fort par le biais du parlement, et non par le biais des bureaux des partis.
Redynamiser notre démocratie est important pour chacun d’entre nous. Nous invitons tout le monde à se joindre à nous : les partis politiques et les responsables politiques, bien sûr, mais aussi les organisations de la société civile, les associations de jeunesse, les entreprises, les comités de quartier, les artistes, les syndicats et toute autre personne passionnée par la démocratie.
Propositions générales
Établir un Conseil des Sages chargé d'élaborer une vision globale sur le renouveau démocratique pour les élections de 2029. Outre les propositions visant à renouveler et à renforcer le système démocratique, il convient également d'aborder les nouvelles formes de participation et de consultation démocratiques, ainsi que les règles applicables aux réseaux sociaux.
Établir un conseil électoral indépendant chargé de superviser le bon déroulement des élections et de traiter les plaintes.
Établir un groupe de travail chargé de veiller au bon fonctionnement de tous les systèmes informatiques liés aux élections.
Sur une concurrence plus ouverte et davantage d'innovation dans le paysage politique
Le système électoral doit être réformé en un système entièrement proportionnel, dans lequel chaque vote compte de manière égale.
Supprimer le seuil électoral et agrandir les circonscriptions, afin que davantage de partis puissent obtenir des sièges et de permettre la création d’un plus grand pluralisme.
Le double seuil, c'est-à-dire l'obligation de recueillir des signatures afin de pouvoir participer aux élections, devrait être supprimé ou au moins abaissé.
Tous les partis participant aux élections devraient être inclus dans les tests de vote des médias, au moins sur les chaînes publiques.
Tous les partis et mouvements politiques devraient être représentés dans les sondages, au moins sur les chaînes publiques.
La participation aux débats télévisés sur les chaînes publiques devrait être basée sur des critères publics prédéterminés, dans le but de fournir des informations aussi complètes que possible.
Adoption du projet de loi parlementaire visant à neutraliser le vote de liste, afin d'accroître l'indépendance des représentants élus.
Introduction de listes transnationales pour les élections européennes.
En matière de financement, nous défendons
Une réduction substantielle du financement des partis à un niveau similaire à celui de pays européens comparables.
Un plafonnement sur la détention de réserves financières et une interdiction sur l’achat de biens immobiliers ou la réalisation d’investissements.
Une réduction des avantages financiers accordés aux élus, y compris la suppression des indemnités parlementaires non imposables.
Une interdiction du cumul des mandats, en particulier dans les cas où il existe un risque de conflit d'intérêt.
La suppression des cabinets politiques et la dépolitisation des administrations.
Une restriction des dépenses sur les réseaux sociaux, même en dehors des périodes électorales.
Un financement public devrait être accordé aux partis qui n'atteignent pas le seuil électoral, mais obtiennent 2 % des voix.
Les partis qui ne sont pas éligibles au financement public devraient bénéficier d'un plafond plus élevé pour les dons, mais avec des exigences strictes en matière de transparence.